Entérite lupique : entité rare mais possible ! - 08/06/24
Résumé |
Introduction |
L’atteinte digestive au cours du lupus érythémateux systémique (LES) peut intéresser n’importe quel segment digestif. L’entérite lupique est une complication rare du LES dont la prévalence est estimée entre 1 à 2 %. Les symptômes digestifs sont par contre fréquents. Il faut savoir éliminer une cause infectieuse avant d’évoquer une atteinte liée au lupus. Sur le plan histopathologique, elle se définie comme une vascularite ou une inflammation de l’intestin grêle. Elle sera évoquée devant un tableau abdominal chez un lupique ne s’améliorant pas par traitement symptomatique.
Patients et méthodes |
Notre étude est rétrospective incluant 4 cas d’entérite lupique parmi 250 patients suivies dans notre service pour LES sur une période de 24 ans [2000–2023]. Le diagnostic de LES était retenue selon les critères de classification ACR-EULAR 1997 révisés en 2019.
Résultats |
Il s’agissait de trois femmes et un homme. L’âge moyen était 31,5 ans avec des extrêmes allant de 23 à 40 ans. L’entérite lupique était retenue au moment de diagnostic chez un patient et au cours de l’évolution dans trois cas avec un délai respectivement d’une année, 8 et 11 ans. Elle était associée à une poussée rénale dans 2 cas (néphropathie glomérulaire stade II et stade III dans un cas chacun), à une poussée hématologique dans 2autres cas, à une sérite dans trois cas (2 cas d’ascite et 1 cas de pleurésie bilatérale) et à des signes généraux dans trois cas. Les signes fonctionnels révélant l’entérite étaient : des douleurs abdominales associées à des vomissements dans tous les cas avec un syndrome pseudo-occlusif dans un seul cas et des diarrhées liquidiennes réfractaires au traitement symptomatique dans deux cas. Le scanner abdominal pratiqué chez 3 patients montrait un épanchement péritonéal dans deux cas, une rectite aiguë dans un cas, une distension des anses iléales et coliques dans deux cas, un épaississement avec rehaussement pariétal et prise de contraste intense de la muqueuse intestinale dans deux cas. L’endoscopie digestive réalisée dans deux cas montrait une rectite aiguë dans un cas et un rétrécissement sigmoïdien dans un autre cas. Les biopsies avaient conclu à une inflammation œdémateuse non spécifique. Avant de retenir le diagnostic d’entérite lupique, une enquête infectieuse exhaustive était revenue négative y compris la coproculture, l’examen parasitologique des selles, les sérologies virales et l’enquête tuberculeuse. Les anticorps anti-phospholipides étaient positifs chez un seul patient. Tous les patients étaient traités par corticothérapie systémique forte dose pendant 6 semaines avec dégression progressive jusqu’à une dose d’entretien de 10mg/jour. Un immunosuppresseur type cyclophosphamide était d’emblée associé dans 1 seul cas vue l’atteinte rénale proliférative. L’évolution était favorable dans trois cas avec une récidive de la symptomatologie à la dégression des corticoïdes dans un cas ayant nécessité l’adjonction de l’azathioprine sans récidive avec un recul de 15 ans.
Discussion |
Les douleurs abdominales chez les patients lupiques constituent un motif de consultation fréquent avec une fréquence entre 13 à 87 % selon les séries [1 ]. L’entérite lupique est souvent évoquée devant un tableau abdominal aigu chez les lupiques avec une fréquence allant de 0 % à 47 % selon les séries versus 0 à 29 % pour la pancréatite lupique. Plusieurs mécanismes physiopathologiques ont été décrits principalement la micro-angiopathie avec signes de vascularite au niveau de la paroi intestinale. Ceci met l’accent sur la gravité du tableau vue le risque de perforation. La clinique est peu évocatrice [2 ]. L’entéroscanner permet orienter le diagnostic en montrant un épaississement des anses intestinales avec œdème sous muqueux et prise de contraste pariétale réalisant l’aspect en cocarde des anses avec parfois un œdème mésentérique [3 ]. L’évolution est souvent favorable vue qu’elle est habituellement corticosensible. Les rechutes après corticothérapie sont estimées à 23,5 % [1 ]. Le traitement de deuxième ligne est peu codifié. L’azathioprine peut s’envisager comme l’illustre notre cas.
Conclusion |
L’atteinte digestive au cours du lupus est fréquente, avant d’attribuer cette atteinte à la maladie, les causes infectieuses sont à éliminer d’office. L’entérite lupique est probablement sous-estimée à cause de la symptomatologie peu spécifique. Le diagnostic positif est radiologique. Le traitement repose sur les corticoïdes par voie orale.
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Vol 45 - N° S1
P. A196-A197 - juin 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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